Photo du soldat Donald Fraser
Portrait en studio de Donald Fraser, probablement pris avant son départ outre-mer. Le paletot en peau de mouton porté par les soldats canadiens n'a jamais eu la faveur de ces derniers. Le long poil se salissait facilement et, lorsque le manteau était mouillé, il dégageait une odeur désagréable. Éventuellement, le paletot en peau de mouton a été remplacé par le pardessus, qui était beaucoup plus long, plus chaud et plus durable.Bibliothèque et Archives Canada Fraser, Donald,The Diary of Private Fraser, 1914-1918, Canadian Expeditionary Force, Victoria, Sono Nis Press, 1985, 334 p
La bataille de la crête de Vimy
Le 24 novembre 1914, à l'âge de 32 ans, Donald Fraser s'est enrôlé dans le 31e Bataillon (Alberta). Ses expériences, qu'il a consignées méticuleusement dans son journal intime, ressemblent à celles des milliers de Canadiens qui ont servi leur roi et leur patrie durant la Grande Guerre en Europe. Le soldat Fraser est allé au combat pour la première fois en septembre 1915, à Kemmel, près d'Ypres en Belgique. Au cours des deux années qui ont suivi, il a pris part à toutes les batailles importantes auxquelles le Canada a participé -- Saint-Éloi, Mont-Sorrel, la Somme, Vimy et la côte 70 -- avant d'être blessé à Passchendaele, en novembre 1917. Son récit de l'opération de Vimy nous fait voir du point de vue d'un simple soldat l'un des combats les plus décisifs de la guerre. Sur une période de quatre jours, la prise d'assaut par les Canadiens d'un escarpement boueux de 60 mètres de hauteur a permis de conquérir plus de terrain, de saisir plus de pièces d'artillerie et de capturer plus de prisonniers que toute offensive britannique précédente.
Journal intime de Donald Fraser
L'histoire de la Grande Guerre racontée ici par Donald Fraser est représentative des récits des simples soldats. Fraser a commencé à écrire un journal personnel détaillé peu de temps après son arrivée à Kemmel et l'a tenu à jour tout au long de ses deux années au front, bien que cela ait été contraire aux ordres donnés par l'Armée pour éviter que ces documents ne tombent entre les mains de l'ennemi. À l'été 1918, alors qu'il se remettait de ses blessures, il a entrepris la rédaction d'un texte narratif sur ses expériences en s'inspirant de son journal intime. Celui-ci a malheureusement disparu, mais le texte narratif existe encore et il a été édité par le professeur Reginald H. Roy, de l'Université de Victoria, et publié par la maison Sono Nis Press en 1985. CEF Books l'a publié sous forme de livre de poche en 1998.
Avec la permission de monsieur Reginald H. Roy.
Vimy vu du plateau
Le village de Vimy vu du plateau, 1919
La dévastation subie par les villages français est apparente dans cette peinture à l'huile, bien que celle-ci ait été exécutée environ deux ans après la bataille de Vimy. Bibliothèque et Archives Canada, Mary Riter Hamilton, C-105607
Le plateau de Vimy
Le plateau de Vimy avait une grande importance stratégique pour le front ouest, puisqu'il était la seule élévation de terrain importante du nord-est de la France. Il formait une position clé qui reliait la nouvelle ligne Hindenburg de l'Allemagne aux tranchées qui menaient vers le nord à partir d'Arras, en France. Les Canadiens ont entrepris de prendre Vimy d'assaut dans le cadre d'une initiative beaucoup plus vaste des armées de l'Entente - nom donné à l'alliance franco-britannique. L'opération canadienne devait aider à protéger le flanc de la troisième Armée britannique, qui avait mené une attaque contre les lignes allemandes au sud de Vimy, dans la vallée de la Scarpe. Cette offensive interalliée du Canada et de la Grande-Bretagne était destinée à détourner l'attention d'une attaque de bien plus grande envergure par les Français, entre Soissons et Reims. Malheureusement, malgré le succès du Canada, les forces britanniques et françaises n'ont pu faire beaucoup de progrès. Résultat : la grande percée espérée par l'Entente a pris 15 mois de plus. Dans une guerre qui avait donné aux gens restés au pays peu de raisons de se réjouir, la nouvelle de l'attaque bien planifiée et de la victoire incontestable du Canada a été accueillie avec un grand enthousiasme.
Rapport administratif de la 1re Armée sur les opérations du plateau de Vimy (Partie V -- cartes, plans et diagrammes)
Le succès du Corps d'armée canadien au plateau de Vimy a vite incité diverses autorités militaires de l'Entente à effectuer plusieurs études spécialisées. Bien sûr, le but recherché consistait à répéter l'expérience de Vimy lors de futurs combats avec les Allemands. Cette partie d'un rapport montre la disposition des unités le long du front de Vimy, le plan de communication entre les sections avant et arrière de la ligne et la forte utilisation que le Corps armé canadien a faite de ses réserves de munitions.
Bibliothèque et Archives Canada, PA-001446
Soldats canadiens ayant vue sur la plaine de Douai et l'armée allemande en retraite
Lorsque le Corps d'armée canadien est parvenu à la crête du plateau, il a pu voir la plaine de Douai tout entière et l'armée allemande qui battait en retraite. Une contre-attaque allemande le long de l'abrupte pente est du plateau ne s'est jamais matérialisée, car elle se serait avérée suicidaire. Hélas, comme l'escarpement boueux a empêché le Corps d'armée canadien de faire avancer rapidement son artillerie, l'infanterie a été incapable de tirer parti de son avantage offensif passager.
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III, vol. 4774
Rapport administratif de la 1re Armée sur les opérations du plateau de Vimy (Partie V -- cartes, plans et diagrammes)
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III, vol. 4774
Rapport administratif de la 1re Armée sur les opérations du plateau de Vimy (Partie V -- cartes, plans et diagrammes)
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III, vol. 4774
Rapport administratif de la 1re Armée sur les opérations du plateau de Vimy (Partie V -- cartes, plans et diagrammes)
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III, vol. 4774
Rapport administratif de la 1re Armée sur les opérations du plateau de Vimy (Partie V -- cartes, plans et diagrammes)
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III, vol. 4774
Rapport administratif de la 1re Armée sur les opérations du plateau de Vimy (Partie V -- cartes, plans et diagrammes)
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III, vol. 4774
Rapport administratif de la 1re Armée sur les opérations du plateau de Vimy (Partie V -- cartes, plans et diagrammes)
Les Canadiens à Vimy
Le plan dressé pour la prise du plateau de Vimy prévoyait un assaut frontal mené simultanément par les quatre divisions canadiennes. Ce plan était simple en principe, mais compliqué en pratique, puisque l'infanterie en marche devait être protégée contre les balles des mitrailleuses allemandes par un barrage roulant, qui nécessitait un tir d'artillerie précis au moment opportun. Cependant, avant de se lancer à l'attaque, le Corps d'armée canadien a passé près de trois mois à renforcer ses propres lignes et à dresser la carte des défenses allemandes (en particulier leurs tranchées, l'emplacement de leurs pièces d'artillerie, leur réseau de barbelés, leurs abris, leurs dépôts de ravitaillement, leurs postes d'écoute, leurs routes et leurs lignes de chemin de fer). Au cours des semaines qui ont précédé l'offensive, la plus grande concentration d'artillerie depuis le début de la guerre a lancé quelque 2 500 tonnes de munitions par jour sur les cibles allemandes afin d'affaiblir leur résistance. L'exécution du plan nécessitait une coordination minutieuse et une ouverture des communications entre l'infanterie, l'artillerie, les observateurs aériens et le haut commandement. Il fallait aussi que chaque homme comprenne parfaitement ses fonctions et les objectifs de son unité.
Bibliothèque et Archives Canada, NMC-111113
Carte du barrage [montrant les limites de la zone d'attaque et les objectifs de l'assaut sur le plateau de Vimy] -- Échelle 1:10 000 -- [s.l. : 1re Compagnie d'arpentage de campagne], 1917
Les 850 pièces d'artillerie canadiennes, plus 280 de la 1re Armée britannique, ont commencé à tirer à 5 h 30 précises le 9 avril 1917. L'artillerie lourde s'est concentrée sur les emplacements de pièces allemandes, les entrepôts de munitions et les principaux noeuds de communication. L'artillerie de campagne a fait feu pendant trois minutes sur les tranchées allemandes frontales, puis a commencé à faire avancer le barrage, 90 mètres à la fois, toutes les trois minutes, afin que les soldats canadiens puissent progresser derrière son rideau protecteur. Parce que le relief du plateau variait considérablement du nord au sud, il avait fallu tenir compte, dans la configuration du barrage, des endroits où l'infanterie aurait peut-être plus de difficulté à avancer au même rythme qu'ailleurs.
Bibliothèque et Archives Canada, Première Guerre mondiale, Vimy, pièce 8
NMC-111121
[Disposition du Corps d'armée canadien à l'heure H, le 9 avril 1917]. --[Échelles variées] --Ottawa : Service de géographie, État-major général, ministère de la Défense nationale, [192-]
Agissant pour la première fois en tant que force de combat unique, les quatre divisions canadiennes ont avancé sur le terrain parsemé de cratères et jonché de débris vers la crête de Vimy selon la stratégie dite « saute-mouton ». Les premières unités, qui totalisaient 8 000 hommes, devaient atteindre la ligne noire derrière les premières tranchées allemandes, puis se frayer un chemin jusqu'à la ligne rouge. Après une pause pour permettre aux unités de la Réserve d'avancer, le barrage recommençait, afin que les unités de la Réserve puissent passer de la ligne rouge à la ligne bleue. Ce plan était exécuté de nouveau pour la ligne brune.
Bibliothèque et Archives Canada, Première Guerre mondiale, Vimy, pièce 8 (texte), NMC-111121
Ordre de bataille du Corps d'armée canadien et des troupes rattachées, le 9 avril 1917
Structure de commandement du Corps d'armée canadien et des troupes britanniques rattachées lors de l'assaut sur Vimy.
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9M, 77803/15, pièce 7, NMC-112621
Plan des défenses d'Écurie, daté du 8 avril 1916 -- Échelle 1:5 000 -- [s.l. : 3e Compagnie de troupes d'armée, Génie du Canada], 1916
Plan détaillé d'une petite section de la ligne de défense à Écurie, le long de la limite sud du front canadien. De tels plans donnaient aux commandants une bonne idée de leur situation en matière de défense.
Bibliothèque et Archives Canada, PA-001101
Emplacement de pièce d'artillerie allemande sur la crête du plateau de Vimy
Les effets du tir d'artillerie précis des Canadiens sont très évidents dans cette photo d'un bunker en ciment et d'un emplacement de pièce, qui ont été ravagés au point d'être presque méconnaissables.
Bibliothèque et Archives Canada, PA-001131
Shrapnel allemand éclatant au-dessus de soldats canadiens
Malgré les meilleurs plans du haut commandement et l'efficacité avec laquelle les Canadiens utilisaient leur artillerie, les batteries allemandes pouvaient encore infliger un taux de pertes d'environ 25 p. 100 à l'infanterie canadienne en marche. La campagne de Vimy a quand même été considérée comme une réussite, parce que les batailles précédentes s'étaient soldées par des taux de pertes deux fois plus élevés sans gain important de terrain.
Bibliothèque et Archives Canada, PA-001062
CSoldats canadiens se retranchant sous des bombardements intensifs sur le plateau de Vimy, le 9 avril 1917
Une fois leur objectif atteint, les soldats canadiens devaient se préparer immédiatement à soutenir une éventuelle contre-attaque des Allemands. Il était souvent plus difficile de conserver le terrain nouvellement conquis que de le capturer.
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III-C-3, vol. 4078, chemise 7, dossier 6, bobine T-10742
Journal de guerre du 31e Bataillon, 6-17 avril 1917
Compte rendu officiel de la participation du 31e Bataillon (Alberta) à la bataille pour la prise du plateau de Vimy. Tenus par tous les bataillons canadiens une fois déployés dans un théâtre d'opérations, de tels journaux constituent de précieuses sources d'information sur les réalités quotidiennes du Corps d'armée canadien.
Bibliothèque et Archives Canada, RG9 III-C-3, vol. 4142, chemise 5, dossier 1
Instructions no 4 pour l'offensive sur Vimy diffusées à la 6e Brigade d'infanterie canadienne, le 6 avril 1917
Ces instructions ont été diffusées à la 6e Brigade d'infanterie canadienne trois jours avant l'attaque canadienne sur le plateau de Vimy. Faisant partie de la deuxième vague, la 6e Brigade (qui comprenait le 31e Bataillon) devait reprendre l'assaut (à l'heure H plus huit heures et demie) à partir de l'endroit (appelé la ligne rouge) où la première vague s'était retranchée et prolonger la ligne jusqu'à un lieu immédiatement à l'est de Thélus (ligne bleue), où le plateau de Vimy surplombait le village de Farbus. D'autres instructions détaillées ont également été communiquées à chaque bataillon de la Brigade.
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III-C-3, vol. 4142, chemise 5, dossier 1
Instructions diffusées au 31e Bataillon (Alberta), le 7 avril 1917
Instructions détaillées indiquant au 31e Bataillon (Alberta) (de la 6e Brigade d'infanterie canadienne) quoi faire au cours des quelques jours précédant la bataille pour la prise du plateau de Vimy, quand procéder et à quel endroit le faire.
Bibliothèque et Archives Canada, Mary Riter Hamilton, C-101321
Emplacements de pièces d'artillerie, bois de Farbus, plateau de Vimy
Grâce aux récents progrès en repérage par les lueurs et par le son et à l'observation aérienne, les équipes de reconnaissance canadiennes ont repéré 175 batteries allemandes prêtes à défendre le plateau de Vimy. Le travail de contre-batterie accompli par les Canadiens avant l'assaut a permis d'éliminer près de 86 p. 100 d'entre elles, ce qui a beaucoup limité les pertes canadiennes.
Bibliothèque et Archives Canada, RG 9 III-C-3, vol. 4142, chemise 5, dossier 1
Carte message
Les radios sans fil étant extrêmement rares, les commandants de compagnie communiquaient avec les postes de commandement des bataillons au moyen de cartes messages préimprimées que des « courriers » étaient chargés de livrer. Les lignes téléphoniques mettaient plusieurs jours à atteindre la nouvelle ligne de front et, une fois à destination, elles étaient souvent coupées par l'artillerie allemande.
Prisonniers et victimes
Nous n'avons pas d'information sur l'étendue des pertes subies par les Allemands durant les mois de bombardement qui ont précédé la prise d'assaut du plateau de Vimy par les Canadiens; cependant, des attaques précédentes par les armées de l'Entente ont produit environ 220 000 victimes dans tous les camps. Sur les 40 000 fantassins canadiens qui ont participé à l'offensive d'avril, il y a eu en tout environ 10 500 victimes, dont 3 500 ne sont jamais rentrées chez elles. Le Corps d'armée canadien a fait environ 4 000 prisonniers allemands durant cet assaut.
Bibliothèque et Archives Canada, PA-001145
Prisonniers allemands capturés durant la prise d'assaut du plateau de Vimy
Prisonniers de guerre allemand en route vers des aires de détention derrière les lignes canadiennes. Des ordres détaillés de la 2e Armée britannique imposaient des restrictions claires quant à la manière dont ces prisonniers devaient être traités.
Bibliothèque et Archives Canada, PA-001021
Enlèvement des victimes canadiennes du front
Il n'était pas rare que les prisonniers de guerre aident les brancardiers à retirer les fantassins blessés du champ de bataille.
Bibliothèque et Archives Canada, Mary Riter Hamilton, C-104794
Le plateau de Vimy et ses sépultures de guerre
Un triste rappel du véritable coût de la campagne de Vimy.