Sa vie et son époque racontées à partir des documents de la collection de BAC.
La famille de Pauline intègre et reflète deux bagages culturels différents : celui de son père, les coutumes, traditions, mythes, légendes et récits historiques de la culture mohawk, et celui de sa mère, les coutumes, traditions et influences de la culture britannique.
Les Mohawks forment l’une des
six nations représentées dans la
confédération iroquoise; celle-ci est régie par la Grande loi de la paix et constituée de 50 sachems (chefs siégeant au grand conseil de la confédération) choisis par les matriarches
des sociétés iroquoises. Les membres de ces sociétés se désignent eux-mêmes comme les Haudenosaunee, ou « peuple de la longue maison ». Ils ont en commun des langues, des pratiques culturelles et des histoires. En tant que membres de la
Ligue des Six Nations, les Mohawks sont reconnus comme les « gardiens de la porte de l’Est » et considérés comme les leaders de la confédération par le surintendant britannique des Affaires indiennes
Sir William Johnson.
Le chef Tekahionwake, arrière-grand-père de Pauline, est le premier à recevoir à sa naissance le nom anglais Johnson (d’après
Sir William Johnson). En retour, Sir William Johnson se voit attribuer le nom mohawk de Waraghiyagey.
Pauline est née à «
Chiefswood », une maison que son père a construite pour sa femme sur les terres de la réserve des
Six-Nations de la Grande-Rivière, une région forestière qui s’étend au nord des Grands Lacs.
De nombreuses personnalités de marque sont reçues chaque année à Chiefswood
durant leur séjour au Canada, notamment la princesse Louise, le prince Arthur et Lord Dufferin. Parmi les visiteurs, on compte également des membres très estimés des Six Nations, tels que
Thayendanegea (
Joseph Brant) et sa sœur
Koñwatsi'tsiaiéñni (Molly Brant), la seconde épouse de Sir William Johnson.
Koñwatsi'tsiaiéñni était une mère de clan mohawk, matriarche et loyaliste, qui exerçait une grande influence sur les affaires de la confédération.
Chronologie
1812
Le grand-père de Pauline, Sakayengwaraton (John “Smoke” Johnson) se bat aux côtés de Joseph Brant et du général Isaac Brock durant
les guerres révolutionnaires. C’est un grand guerrier, un remarquable orateur, un conteur et un interprète.
Sakayengwaraton épouse Helen (Nellie) Martin, la fille adoptive du chef héréditaire Teyonnhehkewea, l’un des 50
sachems de la confédération iroquoise. Ils auront six enfants, dont le père de Pauline, Onwanonsyshon.
Début des années 1850
Onwanonsyshon (George Henry Martin Johnson) épouse Emily Susanna Howells et le couple s’installe à Chiefswood. Comme son père, Onwanonsyshon est interprète pour le gouvernement canadien. Il est aussi élu Teyonhehkon, c’est-à-dire l’un des 50 chefs de la confédération iroquoise, un titre transmis par filiation matrilinéaire.
1861
Naissance d’Emily Pauline Johnson.
1876–1877
Durant ses jeunes années, Pauline reçoit des cours privés d’un tuteur à la maison; elle fréquente ensuite le Brantford Collegiate Institute. Elle joue dans plusieurs pièces de théâtre à Brantford avec la troupe de comédiens « Brant Amateurs ». Après ses études, Pauline retourne vivre chez ses parents.
1884
Le père de Pauline, connu aussi sous le nom de chef Teyonhehkon, décède durant l’année. Mme Johnson et ses filles quittent Chiefswood et s’installent dans un appartement de location à
Brantford, Ontario.
Entre 1884 et 1886, Pauline réussit à publier quatre poèmes dans le Gems of Poetry de New York, et huit autres dans le Week de Toronto.
1886
Pauline est invitée à écrire un poème, qu’elle intitule « Ode to Brant », pour l’inauguration d’un monument à la mémoire de Joseph Brant, après la guerre d’Indépendance américaine. Le lendemain de la lecture du poème, Pauline est interviewée par Garth Grafton du Globe de Toronto.
De plus en plus connue grâce à ses écrits dans divers journaux et magazines, à la publication de ses poèmes,
œuvres en prose et nouvelles, ainsi qu’à ses lectures publiques, elle commence à signer ses œuvres du nom de E. Pauline Johnson et de Tekahionwake, le nom de son arrière-grand-père, pour affirmer son identité mohawk et se composer un personnage de « princesse indienne ».
1889
Deux des poèmes de Pauline sont publiés pour la première fois dans Songs of the Great Dominion, une anthologie sous la direction de W.D. Lighthall.
1892
Pauline fait une lecture de ses poèmes « A Cry from an Indian Wife » et « As Red Men Die » à la soirée de littérature canadienne Frank Yeigh de Toronto. Cet événement marque le début de ses tournées artistiques.
1894
Au cours des dix-sept années qui suivent, Pauline effectue des tournées au Canada, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, au cours desquelles elle récite ses œuvres. Elle captive l’imagination de ses auditoires canadiens, américains et britanniques lors de ses spectacles à guichets fermés. Durant sa tournée dans l’Ouest canadien, elle rencontre
la suffragette et politicienne Nellie L. McClung au Manitoba.
Les œuvres de Pauline comprennent :
The White Wampum, Londres, 1895;
Canadian Born, Toronto, 1903. Elle est aussi publiée dans
Boys World, 1906;
Mothers Magazine 1907; « When George Was King » par le
Brockville Times, 1908. Ses articles sur les légendes autochtones paraissent dans le
Vancouver Province en 1910, et sont suivis par la publication de
Legends of Vancouver en 1911 et de
Flint and Feather à Toronto en 1912.
1898
Emily Susanna Howells, la mère de Pauline, meurt en 1898, ce qui aura pour conséquence la perte de la maison familiale de Brantford.
1901
Cette année marque le début de son partenariat sur scène avec Walter McRaye. Il se terminera en 1909.
1906
Pauline visite Londres, en Angleterre, pour la deuxième fois. Elle y rencontre le chef Squamish Su-a-pu-luck (Joseph Capilano) et sa délégation, qui sont là pour protester contre les restrictions de chasse et pêche imposées par le roi Edward VII aux Premières Nations de la côte ouest de la Colombie-Britannique.
1909
Pauline quitte Winnipeg pour
s’installer à Vancouver et cesse de donner des représentations de façon régulière pour se consacrer à l’écriture; peu après, elle reçoit un diagnostic de cancer du sein.
1913
Pauline meurt de son cancer du sein le 7 mars. À sa demande, elle est inhumée dans le parc Stanley à Vancouver, en vue du
rocher de Siwash.
1922
Un monument est érigé à la mémoire de Pauline Johnson dans le parc Stanley à Vancouver, Colombie-Britannique.
1961
La poste canadienne
émet un timbre à l’effigie de Pauline Johnson pour souligner le centième anniversaire de sa naissance.
Publications et Oeuvres
Après le décès de Pauline, divers ouvrages sont publiés concernant sa vie et son œuvre, dont quelques réimpressions :
- The Shagganappi et The Moccasin Maker, 1913
- Town Hall Tonight par Walter McRaye, 1929
- The Mohawk Princess: Being Some Account of the Life of Tekahion-Wake (E. Pauline Johnson) par Mme W. Garland Foster, 1931
- Pauline Johnson and Her Friends, 1946
- Pauline Johnson, Her Life and Work, par Marcus Van Steen, 1965
- Pauline: A Biography of Pauline Johnson par Betty Keller, 1981
- Pale as Real Ladies: Poems for Pauline Johnson par Joan Crate, 1989
- Buckskin & Broadcloth: A Celebration of E. Pauline Johnson–Tekahionwake
- 1861–1913 par Sheila Johnston, 1997
- Paddling Her Own Canoe, The Times and Texts of E. Pauline Johnson Tekahionwake, sous la direction de Veronica Strong-Boag et Carole Gerson, 2000
- Flint & Feather: The life and times of E. Pauline Johnson, Tekahionwake par Charlotte Gray, 2002
- Flint and Feather: Collected Verse by E. Pauline Johnson, par R.P. Frye and Company, 2011